Le troubadour et le futur antique

Futuro Antico : A l'entrada del temps clar/La redonda/Loibere risen/Los set goyts/Once I had a sweetheart/Saltarello, lamento di tristano e rotta/Scarborough Fair/Calenda Maia/Comment qu'à moi/Edi beo thu, heven quene/Imperayritz de la ciutat joyosa/Gaudete e personent Hodie

 

Amica : Le genre "remake" de musique médiévale est souvent critiqué par la science musicale à cause du manque de documents, de notations ambigües. Il n'y a pas possibilité de reconstruire la musique authentiquement. Avez-vous eu des documents clairs pour faire "Futuro Antico" ou avez-vous improvisé ?

Angelo : Alors, il n'y a pas, dans la musique médiévale, à part ce que tu veux...parle même avec Cristina (flûtiste du groupe 1997), qui est plus spécialiste... Dans la musique médiévale, il n'y a rien. Ce ne sont jamais que des instruments que nous construisons aujourd'hui d'après des tableaux. Pourtant à la base, dans ce type de musique, il y a une chose très importante. Ce type de musique, néanmoins, à cette époque, était précis. Chacun, comme il voulait, s'appropriait cette musique. Il changeait aussi les paroles et la chantait à sa manière, avec n'importe quel type d'instrument. Donc c'est libre aussi aujourd'hui, dans le souvenir, la construction de n'importe quel type d'arrangement est libre pour ainsi dire. J'en connais tellement, de ces mélodies. Je les ai prises à ma manière et ainsi est venue la liberté. Le n'aime pas le purisme des musicologues. En fait, la nouveauté de ce disque "Futuro Antico" est que je chante d'une voix normale tandis que tous les autres chantent d'une voix pointue qui n'existe pas, parce que personne ne chantait ainsi avant le quinzième siècle, tu vois ?

Amica : De qui est venue l'idée de réaliser ce "Futuro Antico" ?

Angelo : Alors, l'idée, je l'ai eu il y a déjà longtemps. Nous en avons parlé avec le maître Renato Serio il y a déjà 5 ans. Puis un jour, à l'improviste, j'avais très envie de le faire, j'avais quelques jours de libre, et nous l'avons fait aussitôt.

Amica : Certains croient que cet album est un retour au style de tes débuts. Comment crois-tu que la musique médiévale soit comparable au Branduardi jeune ?

Angelo : Vois-tu, je ne le sais pas... Disons qu'il y a une belle phrase de Heidegger que j'ai lue qui dit que chacun ne trouve pas ses origines au début, il les trouve à la fin. Je ne suis pas à la fin, pourtant, c'est sûr, je ne suis plus au début, 47 ans... Et pour dire la vérité, quand j'étais jeune, on m'appelait trouvère, ménestrel, cela m'ennuyait à mourir. Aujourd'hui, par contre, c'est vrai. Je suis né comme ça, je le dis dans le concert, je suis né avec ce nez là, je suis né avec cette musique là. Tout mon goût musical s'est formé dans cette période musicale-là, qui va du moyen-âge tardif au Baroque. C'est ma formation, c'est ainsi. Maintenant je l'accepte volontiers.

Amica : Comment évalues-tu la possibilité d'un succès commercial de "Futuro Antico"? Vous l'avez fait pour vous divertir ou avec des intentions financières ?

Angelo : Non, c'est un album fait absolument pour se divertir, fait en six jours, et en Italie il a du succès pourtant, considéré comme un dique de musique classique.