NC : Parce que ça a marché ?

AB : Non, ce n'est pas ça. Moi je ne me pose pas la question. Je n'ai jamais été frustré, dans ce sens là. Je me suis remis à étudier, il y a quelques années, parce que j'avais envie quand même de savoir un petit peu plus, de composition, de direction d'orchestre et tout ça, ce qui m'a posé pas mal de problèmes, parce que évidemment, tu tombes dans un univers où tes certitudes , -je veux dire, déjà, aprés la première leçon, tu te rends compte que si tu connais dix façons d'harmoniser ça, en réalité il y en a cent mille- Alors, hiu... Tu digères ça aussi.

NC : Et en temps que musicien, vous aimez faire des rencontres avec d'autres musiciens ?

AB : Oh oui.

NC : Parce que ce que je trouve frustrant, pour nous qui ne sommes pas musiciens, c'est que l'on est en face de gens qui ont un langage universel.

AB : Oui, moi j'ai connu beaucoup de musiciens, j'ai joué avec beaucoup de gens, et même avec des grands : il y a Stephen Stills, je suis très ami de lui, j'ai joué même avec des groupes que vous n'imagineriez pas, de musique hard-rock ou de musique progressive, ou quoi que ce soit, c'est ça la beauté, "les confitures". C'est ça qu'il faut, "hiu-hiu", se démerder. Mais moi, il y a deux semaines, quand j'étais en Amérique latine, j'ai trouvé des gens qui jouaient, moi je croyais pas. Alors là... Tu y vas !

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Triomphe de la douceur étrange, Etienne RODA-GIL les mots, Angelo BRANDUARDI la musique et la voix... Il débouche dans les années 70 avec des chansons au goût inédit, "médiévalo-pop", il surprend, c'est lui. Et Etienne RODA-GIL , l'auteur star de la chanson française, s'associe avec lui pour adapter les mots de ses balades. Ensemble, ils créent un univers totalement différent de tout ce que l'on écoute, et en 1974, Angelo BRANDUARDI fait une entrée remarquée dans ce que l'on appelle "la nouvelle chanson française". Vingt-deux ans plus tard, toujours présent et inventif, Branduardi revient, avec un album, la "menace", et une série de concerts qui menace de secouer le jeune public qui n'a jamais vu ça... L'auditeur attentif reconnaîtra immédiatement la patte du maître et les couleurs musicales de BRANDUARDI...

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NC : Quand vous avez introduit des instruments qui, pour l'époque, étaient bizarres, dans vos chansons, c'était quoi, c'était une volonté comme ça, un peu, de surprendre ?

AB : Non, c'était la même chose que ce que j'ai dit au début. Quand je parle du son qui est arrivé avant tout le reste. Le son arrive avant que la mélodie, que le rythme, avant que les mots, avant que tout. Et d'ailleurs, c'est même au niveau technique, c'est la capabilité et le talent d'un producteur aussi. Alors le son, parce que le son, c'est une chose primitive, donc ça va toucher des choses qui ne sont pas des paramètres que tu as eu, de l'histoire, mais ce sont des choses directes, c'est à dire, très cachées. Alors un son primitif a des possibilités de faire beaucoup de mal. beaucoup de mal ou beaucoup de bien. Et de la même façon, un son hautement technologique a ces mêmes pouvoirs. Donc, paradoxalement...

NC : De mal et de bien aux autres, à ceux qui le reçoivent ?

AB : Oui, et paradoxalement, la musique primitive est beaucoup plus proche de la musique hyper technologique que l'on croit.

NC : A cause de la rythmique ?

AB : Non, à cause du son. Du culte du son.

NC : Mais justement, j'aimerais que l'on parle un peu, enfin si vous voulez, de la responsabilité de l'artiste:Il y a un pouvoir, sur le monde...

AB : Mais non. Moi, je n'ai jamais considéré ça comme ça. Je sais, c'est un discours important, qu'on a beaucoup de fois fait, mais, vous voyez, moi je ne considère pas... C'est à dire, moi je fais ça, -ah oui, pardon, je vais dans l'autre chambre- moi je fais ça, si tu veux tu l'aimes, si tu veux tu es prêt à le rejetter. Oui, ce n'est pas des messages subliminaux.

NC : Subliminaux ?

AB : Mais non. Tu peux très bien dire que ça ne t'intéresse pas !

NC : Alors, dans le phénomène de l'artiste, il y a aussi un autre paramètre, dont il faudrait que l'on parle, c'est la postérité.