Moi, je suis comme l'ail, un goût extrème qu'on aime ou qu'on déteste. En tout cas, juste avant mon premier grand succès en 1976, personne ne voulait de mon disque. Pendant sept mois on a essuyé des refus de la part de toutes les maisons de disque...

Chorus

Le premier succès, c'était "A la foire de l'Est" ?

Angelo

C'est ça ! La France, ça a été le dernier des pays européens... à capituler ! (rires)

Chorus

I y a eu ensuite "Va où le vent te mène" ?

Angelo

Et "La Demoiselle", surtout !

...

Chorus

En scène, vous avez amené beaucoup d'instruments acoustiques. Il y avait une volonté de jouer sur un rapport différent au public ?

Angelo

Ce n'était pas un vrai désir. Je ne suis pas puriste du tout. Je cherche le son : à mon avis, il y a un pouvoir énorme, évocateur, magique, qui est la base de la musique. Il vient avant la mélodie et le rythme. Si vous prenez des sons prétendument acoustiques, primitifs et anciens, alors vous pouvez avoir des choses émotionnelles très fortes, parce que ces instruments parlent plutôt à l'inconscient. Avec la technologie, on a la possibilité d'inventer des sons qui peuvent donner le même résultat et encore plus. Mon truc, ça a toujours été de mélanger les deux, au point qu'on ne sache plus si c'est acoustique ou technologique.

Chorus

Presque aussitôt, des épithètes journalistiquesont fleuri à votre sujet : ménestrel, troubadour ? N'est-ce pas réducteur, même si vous vous référez à la nature, aux saisons, à la lune, à la mer et aussi au passé? A la légende, d'une manière globale?

Angelo

Pour une raison que je n'ai jamais examinée, j'ai une passion assez évidente pour tout ce qui est légendaire. Je ne suis pas réaliste. Au delà de la réalité, il y a le futur, le passé, les mythes, la légende. ça me fascine et c'est tout.

Chorus

Une absence de termes concrets qui renvoie finalement chacun à son imaginaire ?

Angelo

C'est ça. Mon ambition semble modeste - c''est exactement le contraire - : je vous donne une bouteille vide, et vous y mettez dedans du Gewurztraminer, du Coca... tout ce que vous voulez. Ce sont des structures ouvertes : je n'ai pas la prétention d'enseigner.

Chorus

La chanson italienne a souvent été marquée par la politique. Chez vous, le citoyen politique est complètement distinct du créateur ?

Angelo

Tout à fait. Je me fous du réalisme, en tant que musicien, artiste, artisan. Par contre, je vis ici et maintenant, et le prix des pommes de terre est en effet aussi une chose politique.

Chorus

En france, après le boum des années 76 à 82, on ne vous a plus beaucoup entendu. Pourtant vous avez continué à faire plein de choses ?

Angelo

Il y a eu cinq ans (entre 1884 et 88, je crois), où

 

Interview : suite