Vous êtes né près de Milan, dans la campagne Lombarde...
Angelo
Oui. La famille de ma mère, d'origine juive, avait été une grande latifundiste et avait évidemment tout perdu. C'est pour ça qu'à 4 mois, on m'a emmené à Gênes où mon père avait trouvé un travail. Je suis donc un latin du nord avec des origines juives, qui a vêcu la période la plus importante de sa vie près à la mer, et dans le quartier du port : un milieu de voleurs, prostituées et tout ça. J'en garde un très bon souvenir.
Chorus
Prix de violon à quinez ans, vous avez fait beaucoup de studio ?
Angelo
Comme j'étais le plus jeune, avec déjà les cheveux longs, bouclés, les producteurs me regardaient avec curiosité, et je suis devenu très populaire parmi les musiciens de studio. Je travaillais beaucoup la musique classique, mais je n'aurais jamais pensé chanter.
Chorus
A un moment donné, vous avez un peu abandonné le violon pour la guitare ?
Angelo
Non, non ! ça, c'est la biographie ! Je n'ai jamais abandonné le violon. J'ai simplement eu envie de faire d'autres choses. Je jouais déjà un petit peu de piano, j'ai touché à la guitare, -où je suis pas mal, mais enfin!-, la flûte... J'étais très curieux, comme tous les musiciens. En revanche, je n'aimais pas les chanteurs du tout, ce qui est très typique des étudiants de conservatoire.
Chorus
Pourquoi, ils trouvent que les chanteurs ne sont pas très musiciens ?
Angelo
A mon époque, c'était la vérité absolue. Ils ne savaient pratiquement jamais lire une note. Maintenant c''est différent. Mais parmi les étudiants d'un instrument "noble", le chanteur reste un peu considéré comme un con. Alors moi, je n'aurais jamais pensé devenir aussi con !
Chorus
Vous avez fait des études de philosophie ?
ça aussi, ça fait bien dans la biographie, mais ça a duré trois mois. Je n'y comprenais rien : j'avais cru que si je faisais de la philosophie, j'aurais trouvé toutes les réponses à toutes les questions.
Chorus
La première chanson, ça a été "Confession d'un malandrin" ?
Angelo
Oui, adaptée de Serge Alexandrovitch Essessine - poète russe (1895-1925) - , j'ai écris ça quand j'avais dix-huit ans. La traduction de Roda-Gil date de 1980. C'est un vrai travail d'auteur.
Chorus
Essessine, était-ce une rencontre, ou lisiez-vous de la poésie ?
Angelo
Je n'ai pas un très bon rapport avec la littérature, mais la poésie me plaît, car c'est un peu comme la musique : une flèche qui arrive ou n'arrive pas. J'étais aussi fasciné par le type. C'était le dernier des poètes paysans. Un aventurier. Et il y avait l'histoire de son amour avec Isadora Duncan. A Paris, ils se faisaient jeter de tous les hôtels parce qu'ils faisaient du bruit. Ils ne pouvaient pas se parler : elle ne connaissait que l'anglais, et lui le russe. Alors elle dansait toute nue, et lui, complètement saoul, lui criait ses poèmes.
Chorus
Avez-vous tout de suite décidé de travailler dans cette voie ou vous êtes-vous posé des problèmes ?
Angelo
Je ne me pose jamais de problèmes. Je ne savais même pas pourquoi on me trouvait si étrange que ça. Je suis né avec ce nez là et de la même façon je suis né avec cette musicalité et pas une autre.