Le 20/01/2001
Wunsiedel, on y était !

Nous voilà les pieds dans la neige à Wunsiedel, petite ville bavaroise de dix mille habitants , pas loin de la frontière tchèque. Réaction (unanime) des proches : " Vous êtes folles d'aller là-bas en plein mois de janvier...Quoi, juste pour le concert ? ! " Ben oui, ça fait tellement longtemps qu'on a pas vu Angelo sur scène et puis le CD L'infinitamente piccolo est très, très beau...

Parties le samedi matin de Biarritz , où le thermomètre caracole à 15°, notre seule préoccupation est d'arriver à temps pour le concert qui commence à 20 heures allemandes (c'est à dire précises). On court, on court pour se retrouver dans la nuit coincées à quelques kilomètres de Wunsiedel, sans un taxi à l'horizon. Finalement, un petit bus nous dépose devant la salle de concert . Il est 19h35, le hall d'entrée affiche déjà complet, la salle aussi. La préposée à la vente des billets nous rassure en anglais, oui on vous a gardé deux places. On quitte la foule des spectateurs en tenue de soirée- le jean n'est pas de rigueur- et on galope à l'hôtel poser les sacs.

A 20H et des poussières, nous sommes devant les portes du paradis, bonne dernières, et on entend la voix d'Angelo. Françoise et moi nous regardons un peu désespérées , " il " a commencé et on est en retard. Il me semble qu'il chante La Demoiselle ; début d'applaudissements, les autochtones qui gardent les portes nous font vite entrer en chuchotant la direction des places, avec des gestes de la main vers la droite. Nous ne comprenons l'allemand ni l'une ni l'autre. Les portes se referment sur nous. On finit par trouver les places. Ouf !

Angelo, très élégant en costume gris, présente ses chansons en allemand. Il est accompagné de 3 musiciens. Je reconnais quelques mots comme " Francesco ", effectivement toute la première partie est consacrée aux chansons de L'infinitamente piccolo. L'acoustique est excellente, l'ambiance familiale. Angelo parle et plaisante longuement, les gens rient beaucoup, hélas pas nous, hermétiques à la langue de Goethe. Il joue de la flûte de pan, de la guitare, du violon avec la même facilité. Il a toujours la silhouette juvénile et la chevelure magnifique. Le dernier concert où nous étions date de 15 ans, quelle émotion de l'entendre de nouveau et de le voir occuper la scène avec autant d'énergie qu'avant... Souvenirs nostalgiques des concerts de Toulouse et de Pau où les joints circulaient dans le public, les filles teintes au henné criaient sans retenue leur amour pour Angelo et les chaises n'étaient pas faites pour s'y asseoir.

Retour en 2001, l'accordéon entame joyeusement les premières mesures de Il Sultano di Babilonia et la prostituita, un flash crépite à côté de nous. " T'as l'appareil ? ", Françoise me fait signe que oui. Quelques secondes après, le coupable est prié (gentiment) par le service d'ordre Wunsiedelois de ne plus faire de photo. J'échange un coup d'oeil avec Françoise, comment ça pas de photos ? Angelo reprenant ses explications en allemand, je regarde un peu la tête de mes voisins. Les tranches d'âge sont variées, avec semble-t-il une

quarantaine(cinquantaine ?) majoritaire. Mon voisin de droite, parfaitement immobile, est fasciné par le speech de notre chanteur bien aimé. Non, c'est pas le genre à monter sur la chaise. Un tintement de clochettes, ah ! Il Lupo di Gubbio, une de nos préférées. Angelo enchaîne les chansons sur Saint François, les applaudissements sont de plus en plus chaleureux. Il vient tout d'un coup saluer le public. Je regarde l'heure, 21H15 et je bégaye à Françoise : " C'est pas fini, quand même ? " Non énergique de la tête, elle réfléchit déjà aux deux problèmes majeurs de l'après-concert : les photos et l'autographe.

Entracte : En sortant de la salle, nous tombons sur une française mariée à un allemand.

Elle traduit à un représentant du service d'ordre notre demande de faire des photos, mais le règlement n'est pas élastique en Bavière...Autour du stand Branduardi, la foule est compacte ; des allemandes en robe du soir, verre de cocktail à la main (mais où est le bar ?) achètent le dernier CD de l'ange. Françoise revient, la mine épanouie : elle sait où il faut aller pour les autographes, c'est notre compatriote de Bordeaux qui l'a briefé.

Le concert reprend et Angelo nous fait le grand jeu. Nous avons le bonheur d'entendre ses chansons les plus connues : de La Foire de l'Est à Cogli la prima mela en passant par Le don du cerf, La série des nombres, Caminando, Ca se fait...Il saute à pieds joints en jouant du violon, danse avec les cymbales, tourbillonne dans les bleus et verts de la lumière. L'ange aurait-il signé un pacte avec le diable pour ne pas vieillir ? Le public est maintenant debout, tapant dans les mains et chantant ; devant moi une jeune allemande se déchaîne, mon voisin de droite a perdu son flegme, il va peut être monter sur la chaise. Françoise se glisse sur le côté prendre quelques photos. Rappels et cette fois ci enfin ! ça siffle et ça crie de tous les côtés. Non, on ne veut pas que tu partes Angelo. Charme nous encore, s'il te plaît. Il revient sur scène et le public dans un ensemble parfait se rassoit. La Pulce D'Aqua clôture le concert.

Moment de bonheur total... L'artiste reste un moment à saluer ; on le voit, souriant, se pencher vers le premier rang et faire un signe de la main pour indiquer qu'il faut faire le tour. Je regarde Françoise d'un air entendu, c'est bien la direction des autographes.

Devant une petite porte vitrée à l'arrière du bâtiment, une jeune femme est déjà là, un rouleau d'affiches à la main. On discute, elle fait partie des organisateurs du concert et nous offre deux affiches. Il fait froid et la porte ne s'ouvre toujours pas. Derrière nous quelques fans rejoignent la file d'attente. On doit le mériter cet autographe, alors on attendra le temps qu'il faudra...Quelques fans s'étonnent que nous soyons venues de si loin. Je le vois apparaître derrière la vitre et Sésame s'ouvre. Angelo semble très fatigué, il nous remercie en français d'être venu le voir et signe les affiches. Nous ressortons, émues d'avoir approché l'ange quelques secondes.

Le lendemain très tôt, on repart dans la nuit glaciale, heureuses de ce samedi soir avec Angelo. C'est quand le prochain concert en Italie ?

Marie et Françoise.

 

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